livre coup de ❤

La Peine du Menuisier

SSS

Brest dans les années 50. Un récit lent et fascinant, rempli de silences et de non-dits. Un mystère captivant, que l'on comprend être à l'origine du malaise de la narratrice vis-à-vis de son père qu'elle nomme froidement "Le Menuisier".
Ils se regardent de biais, semblent être en symbiose tant qu'ils sont en silence, ils s'aiment mais jamais n'ébauchent ne serait-ce que le début d'un dialogue...
Pourquoi Le Menuisier est-il si silencieux, si sombre et si triste parfois? Pourquoi ces deux êtres n'arriveront, de toute leur vie, jamais à se connaître vraiment? Pourquoi la mort est-elle si présente au sein de cette modeste famille?

Ce livre -que nous avons partagé en famille- est d'une lourdeur étonnante, l'atmosphère y est étrange... Le style de Marie Le Gall, en revanche, n'est pas lourd. A croire qu'elle aurait tout aussi facilement pu prendre un pinceau pour décrire son mal-être tant il est palpable. Dans un style assez différent, cela m'a fait penser à Nous sommes éternels de Pierrette Fleutiaux qui avait réussi à dépeindre des sentiments comme on décrirait un tableau.

Ici les sentiments sont emprunts de silence. Marie Le Gall  suit ses intuitions, s'obstine à décrypter les non-dits, rassemble des bribes d'aveux volés à un oncle moins taiseux que les autres, et tisse patiemment l'histoire de sa famille pour enfin comprendre le poids du fardeau dont est emprunte La Peine du Menuisier... qui est aussi la sienne.

SSS

" Les mots n'étaient pas pour nous. Et quand parfois ils existaient, nous savions que ce n'était que de pauvres écrans. Les vibrations du silence étaient toujours les plus fortes. C'était quand je ne l'entendais pas que je l'entendais le plus, et lui de même. C'est-à-dire tout le temps. Nous avancions dans un silence assourdissant."

" Nous ne sommes pas seulement les héritiers d'un patrimoine génétique, mais d'un nombre infini d'émotions transmises à notre insu dans une absence de mots, et plus fortes que les mots."

" Il n'y avait eu ni merci, ni baiser. Il n'y avait pas eu de demande non plus mais la preuve que le fil impalpable de notre relation vibrait sans cesse, que Le Menuisier me voyait,entendait aussi l'ampleur de mon mutisme comme je pouvais entendre le sien, venait à mon secours et remettait les choses à leur place. Il construisait et tout ce qu'il construsait tenait debout."

* premier résumé de livre un peu laborieux, mais quel plaisir de refaire ce genre d'exercice!
** ne soyez pas trop sévères avec moi, j'ai l'intention de m'améliorer...

 SSS

Comments

[Michèle]

Si seulement j'arrivais de nouveau à avoir qqs heures pour lire....
En tout cas ton post me donne l'envie de m'y remettre.

[Atelier du cèdre]

Tu nous mets l'eau à la bouche, je pense l'acheter après les 5 romans qui m'ont été prêtés.

[Pacha]

Pas mal ma fille! ce re-premier résumé d'un livre que nous avons tous (en famille) lu, chacun avec son expérience propre.
Le silence est inquiétude mais il semble qu'entre ces deux êtres là il ait été un façon de se parler, qui exclut les autres.
Mais le silence est nécessaire quand les mots n'arrivent plus à exprimer les sentiments.

Je confirme "Nous sommes éternels" est très fort mais n'oublie pas "Le rire de l'ogre", "Magnus" et quelques autres roman de grande qualité !

Affections non silencieuses de
Pacha !

[So]

Bon, je termine "les écureuils de Central Parc..." qui prend la poussière sur mon chevet, et je lis celui-ci !

Bises

[rienquepourelles]

Quel beau résumé, tu me donnes envie de le lire ... je vais d'abord écouler mon stock de livres à lire et puis je me plongerai dedans !
Merci !